Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/75

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fidèle et diriger ses actions. Les plus anciens apologistes du christianisme, lorsqu’ils attestent l’innocence de leurs frères, et les écrivains d’un siècle moins reculé, qui célèbrent la sainteté de leurs ancêtres, représentent avec les couleurs les plus vives la réformation de mœurs que la prédication de l’Évangile opéra parmi les hommes. Comme mon intention est de remarquer seulement les causes humaines qui ont secondé l’influence de la révélation, j’exposerai légèrement deux motifs qui ont pu naturellement rendre la vie des premiers chrétiens plus pure et plus austère que celle de leurs contemporains idolâtres, ou de leurs successeurs dégénérés. L’un était le repentir de leurs fautes passées ; l’autre, le désir louable qu’ils avaient de soutenir la réputation de la société dans laquelle ils avaient été admis.

Les chrétiens ont été autrefois accusés d’attirer dans leur parti les plus grands scélérats. S’il faut en croire des imputations suggérées par l’ignorance ou par la malignité des païens, le coupable, dès qu’il éprouvait quelques remords, se déterminait aisément à laver dans les eaux du baptême, des crimes pour lesquels les temples des dieux refusaient d’accorder aucune expiation. Mais ce reproche, exposé dans son véritable jour, honore autant l’Église qu’il a contribué à augmenter le nombre des fidèles[1].

  1. Les imputations de Celsius et de Julien, et la défense des pères, sont exposées avec beaucoup d’impartialité par