Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/116

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qui peuvent également servir à déconcerter le mensonge et à établir la vérité[1], Eusèbe se contente de rapporter un singulier témoignage, celui de Constantin lui-même qui ne vivait plus alors, et qui, plusieurs années après cet événement, lui avait raconté en conversation cet extraordinaire incident de sa vie, dont il lui avait attesté la vérité par le serment le plus solennel[2]. La prudente reconnaissance du docte évêque ne lui permettait pas de soupçonner la véracité de son victorieux souverain ; mais il donne clairement à entendre que toute autre autorité lui aurait paru insuffisante pour constater un fait aussi miraculeux. Ce motif de confiance devait naturellement disparaître avec la puissance de la famille Flavienne, et ce signe céleste, que les infidèles auraient tourné en dérision[3], fut négligé par les chrétiens du siècle qui suivit la conversion de Constantin[4]. Mais les Églises catholiques de l’Orient

  1. Le récit de Constantin semble indiquer qu’il aperçut la croix dans le ciel avant de passer les Alpes, lorsqu’il poursuivait Maxence. La vanité patriotique a placé la scène à Trèves, à Besançon, etc. Voyez Tillemont, Histoire des emper., tom. IV, p. 573.
  2. Le pieux Tillemont (Mém. ecclés., tom. VII, p. 1317) rejette, en soupirant, les actes bien utiles d’Artemius, vétéran et martyr, qui atteste que ses propres yeux ont été témoins de la vision de Constantin.
  3. Gelasius Cyzic., in Act. concil. Nicen., l. I, c. 4.
  4. Les partisans de la vision ne peuvent produire en sa faveur un seul témoignage des pères des quatrième et cinquième siècles, qui tous ont célébré dans leurs volumi-