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Enseigné dans les écoles d’Alexandrie, avant Jésus-Christ. 300.

Les victoires des Macédoniens avaient répandu dans l’Égypte et dans l’Asie le langage et les sciences

    au véritable sens des écrits de ce philosophe. La brillante imagination qu’il a portée dans ses recherches métaphysiques, son style plein d’allégories et de figures ont pu induire en erreur des interprètes qui ne cherchaient pas dans l’ensemble de ses ouvrages et au-delà des images dont se servait l’écrivain, le fond des idées du philosophe. Il n’y a point, à mon avis, de Trinité dans Platon ; il n’a établi aucune génération mystérieuse entre les trois prétendus principes qu’on lui fait distinguer. Enfin, il n’a jamais conçu que comme des attributs de la divinité ou de la matière, les idées dont on prétend qu’il a fait des substances, des êtres réels.

    Selon Platon, Dieu et la matière existent de toute éternité. Avant la création du monde la matière avait en elle un principe de mouvement, mais sans but et sans lois : c’est ce principe que Platon appelie l’âme irraisonnable du monde (αλογος ψυκη), parce que, dans sa doctrine, tout principe spontané et originaire de mouvement s’appelle âme. Dieu voulut imprimer la forme à cette matière, c’est-à-dire, 1o. travailler la matière et en former des corps ; 2o. régler son mouvement et l’assujettir à un but, à des lois. La divinité ne pouvait agir, dans cette opération, que d’après les idées existantes dans son intelligence : leur réunion la remplissait, et forma le type idéal du monde. C’est ce monde idéal, cette intelligence divine, existante avec Dieu de toute éternité, et appelée par Platon νους ou λογος, dont on lui attribue la personnification, la substantialisation ; tandis qu’il suffit d’un examen attentif pour se convaincre qu’il ne lui a jamais donné d’existence hors de la divinité, et qu’il ne considérait le logos que comme l’ensemble des idées de Dieu, l’entendement divin dans ses rapports avec