Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/188

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saient qu’une très-faible partie du peuple chrétien. 2o. Les gnostiques, connus sous la dénomination de docètes, donnaient dans l’excès contraire. Ils reconnaissaient la nature divine du Christ, et ne croyaient point à sa nature humaine[1]. Élevés dans l’école

    Justin ; mais leur correction, qui fait violence au texte, a été rejetée même de l’édition des Bénédictins.

  1. La plupart des docètes rejetaient la véritable divinité de Jésus-Christ aussi-bien que sa nature humaine : ils étaient du nombre des gnostiques, dont quelques philosophes, au parti desquels se range Gibbon, ont voulu faire dériver les opinions de celles de Platon. Ces philosophes ne réfléchissaient pas que le platonisme avait subi des altérations continuelles, et que celles qui lui donnaient quelques rapports avec les idées des gnostiques, étaient postérieures à la naissance reconnue des sectes comprises sous ce nom. Mosheim a prouvé (dans ses Instit. histor. eccles. major., sec. I, p. 136 sqq., et p. 339 sqq.) que la philosophie orientale, combinée avec la philosophie cabalistique des Juifs, avait donné naissance au gnosticisme. Les rapports qui existent entre cette doctrine et les monumens qui nous restent de celle des Orientaux, comme les Chaldéens et les Perses, sont évidens, et ont été la source des erreurs des gnostiques chrétiens qui ont voulu concilier leurs anciennes idées avec leur nouvelle croyance. C’est à cause de cela qu’en niant la nature humaine du Christ, ils niaient aussi son union intime avec Dieu, et ne le prenaient que pour une des substances (Æones) créées de Dieu. Comme ils croyaient à l’éternité de la matière, et la regardaient comme le principe du mal, par opposition à la Divinité, cause première et principe du bien, ils ne voulaient pas admettre qu’une des substances pures, un des Æones issus de Dieu, se fût, en participant à la nature matérielle, allié