Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/206

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tion, ils convinrent mutuellement de mitiger la rigueur de leurs principes, et de désavouer les conséquences justes, mais odieuses, que leurs adversaires pouvaient en tirer. L’intérêt de la cause commune les engagea à unir leurs forces et à celer leurs différends ; les conseils d’une tolérance salutaire calmèrent leur animosité, et leurs disputes furent suspendues par le moyen du mystérieux homoousion que les deux partis avaient la liberté d’expliquer conformément à leurs opinions particulières. L’interprétation des sabelliens, qui avait obligé, cinquante ans auparavant, le concile d’Antioche[1] à proscrire l’usage de cette expression fameuse, la rendait précieuse à ceux d’entre les théologiens qui inclinaient secrètement pour une trinité purement de nom ; mais les saints les plus célèbres du temps d’Arius, l’intrépide Athanase, le savant Grégoire de Nazianze, et les autres piliers de l’Église qui défendaient avec talent et avec succès la doctrine de Nicée, semblaient regarder le nom de substance comme le synonyme de nature ; et ils essayaient d’en expliquer la signification en affirmant que trois hommes étaient consubstantiels ou homoousiens l’un à l’autre, puisqu’ils étaient de la même espèce[2]. Cette égalité distincte

  1. Voy. Bull, Defens. fid. nicen., sect. II, c. 1, p. 25-36. Il pense que son devoir l’oblige à concilier les deux synodes orthodoxes.
  2. Selon Aristote, les étoiles étaient homoousiennes l’une à l’autre. « Pétau a prouvé qu’homoousien signifie d’une même substance en genre. C’est aussi l’opinion de Cur-