Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/244

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ne consentait pas à remettre immédiatement Athanase en possession de sa place et de ses droits, il irait lui-même, suivi d’une flotte et d’une armée, l’installer sur son siége archiépiscopal d’Alexandrie[1]. Mais la condescendance de Constance prévint cette guerre religieuse qui eût fait horreur à la nature, et l’empereur d’Orient daigna faire des avances de réconciliation à un de ses sujets qu’il avait injustement persécuté. Athanase, usant d’une noble fierté, ne se rendit qu’après trois lettres consécutives de son souverain. Elles étaient remplies de protestations d’estime, d’assurances de protection et de bienveillance, et l’invitaient à se rendre dans son archevêché. Constance ajoutait l’humiliante précaution de faire attester par ses ministres la sincérité de ses intentions ; il la manifesta d’une manière plus éclatante par les ordres positifs qui furent envoyés en Égypte pour rappeler tous les amis et les adhérens d’Athanase, leur rendre leurs priviléges, publier leur innocence, et faire disparaître des registres publics les arrêts illégaux arrachés par le crédit de la faction d’Eusèbe. Après avoir obtenu toutes les sûretés et toutes les satisfactions que pouvaient demander la justice et l’honneur, l’archevêque traversa lentement les provinces de la Thrace, de l’Asie et de la Syrie, et reçut dans sa route,

  1. Malgré le silence de saint Athanase et la fausseté manifeste de la lettre insérée par Socrate, ces menaces se trouvent constatées par le témoignage de Lucifer de Cagliari et de Constance lui-même. Voyez Tillemont, t. VIII, p. 693.