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de la bassesse des évêques orientaux, des hommages qui excitaient son mépris sans tromper sa pénétration[1]. Il vit à Antioche l’empereur Constance ; reçut avec une assurance modeste les embrassemens et les protestations de son maître, et éluda la proposition d’accorder une église particulière aux ariens d’Alexandrie, en demandant une égale tolérance pour ceux de son parti dans les autres villes de l’empire. Cette réponse aurait pu paraître juste et modérée dans la bouche d’un prince indépendant. L’entrée de l’archevêque dans sa capitale fut une procession triomphale. Son absence et ses malheurs l’avaient rendu cher aux habitans d’Alexandrie. L’autorité qu’il exerçait avec rigueur se trouva plus solidement établie, et sa gloire se répandit dans tout le monde chrétien, depuis l’Éthiopie jusque dans la Bretagne[2].

Ressentiment de Constance. A. D. 351.

Mais le sujet qui force son souverain à dissimuler ne doit pas compter sur une réconciliation sincère et durable. La mort tragique de Constans priva bientôt

  1. J’ai toujours eu des doutes sur la rétractation d’Ursace et de Valens (saint Athan., t. I, p. 776) ; leurs épîtres à Julius, évêque de Rome, et à saint Athanase, ont une tournure et un style si différens, qu’elles ne peuvent sortir de la même source : l’une parle le langage de criminels qui confessent leur crime et leur infamie, et l’autre celui d’ennemis qui demandent à se réconcilier sous des conditions honorables.
  2. Les circonstances de ce second retour peuvent se tirer de saint Athanase lui-même, t. I, p. 769, 822, 843 ; Socrate, l. II, c. 18 ; Sozomène, l. III, c. 19 ; Théodoret, l. II, c. 11, 12 ; Philostorgius, l. III, c. 10.