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l’épée à la main jusque dans le sanctuaire. Leurs armes, frappées de la lumière des cierges qui brûlaient autour de l’autel, réfléchissaient une effrayante clarté. Les prêtres pressaient l’archevêque de sauver une vie qui leur était si précieuse ; mais le courageux prélat refusa de quitter son siége avant qu’ils se fussent tous mis en sûreté. Le tumulte et l’obscurité de la nuit favorisèrent sa fuite. Perçant avec peine une foule effrayée qui l’écrasait, jeté à terre, foulé aux pieds, et quelque temps privé de sentiment, il retrouva promptement son indomptable courage, et sut tromper l’ardente recherche des soldats à qui leurs chefs ariens avaient persuadé que la tête d’Athanase serait le présent le plus agréable à l’empereur. Depuis ce moment, le primat de l’Égypte disparut aux yeux de ses ennemis, et resta six ans couvert d’une obscurité impénétrable[1].

Retraite d’Athanase. A. D. 356-362.

La puissance despotique de son implacable ennemi s’étendait dans tout le monde romain, et le monarque furieux écrivit une lettre pressante aux princes chrétiens d’Éthiopie, pour fermer à Athanase les parties les plus reculées de la terre. Des comtes, des

    littéralement, et tirés des protestations qui furent présentées publiquement, trois jours après, par les catholiques d’Alexandrie. Voyez saint Athanase, t. I, p. 867.

  1. Les jansénistes ont souvent comparé saint Athanase et Arnauld, et se sont étendus avec satisfaction sur la foi, le zèle, le mérite et l’exil de ces célèbres docteurs. L’abbé de La Bléterie a très-adroitement conduit ce parallèle. (Vie de Jovien, t. I, p. 130.)