Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/273

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dans les cours et dans les portiques des environs. L’historien, qui n’imputerait ces fureurs qu’aux principes religieux, annoncerait bien peu de connaissance du cœur humain : il faut avouer cependant que le motif qui aveuglait le zèle, et le prétexte qui déguisait le dérèglement des passions, éteignaient le remords qui, en toute autre occasion, aurait succédé aux transports furieux des chrétiens de Constantinople[1].

Cruautés des ariens.

Constance, dont les inclinations cruelles et despotiques n’attendaient pas toujours, pour se montrer, le crime ou la résistance, fut justement irrité du tumulte de sa capitale et de l’audace d’une faction qui insultait la religion et l’autorité de son souverain. Ce fut sur elle que tombèrent les peines de mort, d’exil, de confiscation ; et les Grecs révèrent encore la mémoire des deux clercs, d’un lecteur et d’un sous-diacre qui, accusés du meurtre d’Hermogènes, eurent la tête tranchée aux portes de Constantinople. Par un édit contre les catholiques, qu’on n’a pas cru digne de tenir une place dans le code de Théodose, Constance condamna tous ceux qui refuseraient de communier des mains d’un évêque

  1. Voyez Socrate, l. II, c. 6, 7, 12, 13, 15, 16, 26, 27, 38 ; et Sozomène, l. III, c. 3, 4, 7, 9 ; l. IV, c. 11, 21. Les actes de saint Paul de Constantinople, dont Photius a fait un extrait (Phot., Biblioth., p. 1419-1430), sont une assez mauvaise copie de ces historiens. Mais un Grec moderne qui a pu écrire la vie d’un saint sans y ajouter des fables et des miracles, mérite quelques éloges.