Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/319

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des Romains ou celui des Barbares. Il parut enfin entre Vienne et Ratisbonne, dans l’endroit où il se proposait d’embarquer son armée sur le Danube. Par un stratagème bien concerté, il s’empara d’une flottille de brigantins[1] qui étaient à l’ancre, et d’une provision de vivres grossiers, mais suffisans pour satisfaire l’appétit vorace et peu délicat d’une armée de Gaulois qui s’abandonnèrent audacieusement au cours du Danube. La vigueur active des rameurs, aidée d’un vent favorable, porta la flotte à sept cents milles en onze jours[2] ; et Julien débarqua ses troupes à Bononia, qui n’est éloignée de Sirmium que de dix-neuf milles, avant que les ennemis pussent avoir aucun avis certain de son départ de la Gaule. Dans le cours de sa longue et rapide navigation, Julien ne s’écarta jamais de son objet principal. Il reçut les députations de quelques villes qui s’empressèrent

    L’air pesant ou léger, ou la plaine ou les monts,
    Les rocs, le noir limon qu’un flot dormant détrempe,
    Va guéant ou nageant, court, gravit, vole on rampe.

        Paradis perdu, liv. II. (Trad. de M. Delille.)

  1. Dans cet intervalle, la Notitia place deux ou trois flottes, la Lauriacensis à Lauriacum ou Lorch, l’Arlapensis, la Maginensis ; et fait mention de cinq légions ou cohortes de Liburnarii, qui devaient être des espèces de marins. Sect. LVIII, édit. Labb.
  2. Zosime est le seul qui rapporte cette circonstance intéressante. Mamertin (in Paneg. vet., XI, 6, 7, 8), qui accompagnait Julien comme comte des sacrées largesses, décrit ce voyage d’un style fleuri et d’une manière pittoresque, défie Triptolème, les Argonautes, etc.