Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/384

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dénuée de l’appui des principes théologiques, des préceptes moraux, et de la discipline ecclésiastique, une religion qui se précipitait vers sa ruine et n’était susceptible d’aucune réforme solide et raisonnable. La juridiction du souverain pontife, surtout après qu’on eut réuni cet emploi à la dignité impériale, embrassait toute l’étendue de l’Empire romain. Julien nomma pour ses vicaires, dans les diverses provinces, les prêtres et les philosophes qu’il croyait les plus propres à l’exécution de son grand projet ; et ses lettres pastorales[1], si l’on peut les nommer ainsi, offrent une esquisse curieuse de ses desseins et de ses intentions. Il veut que dans chaque ville l’ordre sacerdotal soit composé, sans distinction de naissance et de fortune, de ceux qui montrent le plus d’amour pour les dieux et pour les hommes. « S’ils sont coupables, continue-t-il, d’un délit scandaleux, le pontife supérieur doit les censurer ou les dégrader ; mais tant qu’ils gardent leur dignité, ils ont droit au respect des magistrats et du peuple. Il faut que la simplicité de leur habit domestique annonce leur humilité, et que l’éclat de leurs vêtemens sacrés montre l’importance de leurs fonctions. Lorsqu’ils sont appelés à leur tour au service de l’autel, ils doivent, durant

  1. Voyez Julien, epist. 49, 62, 63 ; et un long et curieux fragment, dont nous n’avons ni le commencement ni la fin, p. 288, 305. Le souverain pontife y tourne en ridicule l’histoire de Moïse et la discipline des chrétiens ; il préfère les poètes grecs aux prophètes hébreux ; et il pallie avec l’astuce d’un jésuite le culte relatif des images.