Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/392

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suppléait, dans son esprit, aux défauts du candidat, ou même expiait le délit du criminel. Comme les armées sont l’agent le plus irrésistible de l’autorité absolue, Julien eut un soin particulier de corrompre la religion de ses troupes. Toutes ses mesures, si elles ne s’y prêtaient pas de bon cœur, devenaient dangereuses et inutiles ; la disposition naturelle des soldats rendit cette conquête aussi aisée qu’elle était importante. Les légions de la Gaule se dévouèrent à la foi ainsi qu’à la fortune de leur chef victorieux, et, même avant la mort de Constance, il eut la satisfaction d’annoncer à ses amis qu’elles assistaient, avec une dévotion fervente et un appétit vorace, aux hécatombes de bœufs gras qu’il offrait continuellement dans son camp[1]. Les armées de l’Orient, accoutumées à marcher sous l’étendard de la croix et sous celui de Constance, exigèrent une méthode plus adroite et plus dispendieuse. Aux fêtes solennelles, l’empereur recevait l’hommage et récompensait le mérite de ses guerriers. Les enseignes militaires de Rome et de la république environnaient son trône ;

    versaire formidable. πολυν εν οπλοις, και μεγαν εν λογων δεινοτητι. Dans ses invectives il accorde à peine de l’esprit et du courage à l’apostat.

  1. Julien, epist. 38 ; Ammien, XXII, 12. Adco ut in dies pene singulos milites carnis distentiore saginâ victitantes incultius, potûsque aviditate correpti, humeris impositi transeuntium per platens, ex publicis ædibus… ad sua diversoria portarentur. Le prince dévot et l’historien indigné décrivent la même scène, et les mêmes causes durent produire les mêmes effets à Antioche que dans l’Illyrie.