Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/457

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avec hardiesse les torts du gouvernement et ceux des particuliers, et il plaida éloquemment la cause d’Antioche contre la juste colère de Julien et de Théodose. Le malheur ordinaire d’une vie poussée jusqu’à la vieillesse, c’est de perdre les avantages qui pourraient en faire désirer la prolongation[1] ; mais Libanius eut de plus la douleur de survivre à la religion et aux sciences auxquelles il avait consacré son génie. L’ami de Julien vit avec indignation le triomphe du christianisme ; et son esprit superstitieux, qui obscurcissait pour lui le spectacle du monde visible, ne le soutenait point par les vives espérances de la gloire et de la béatitude célestes[2].

Marche de Julien vers l’Euphrate. A. D. 363, 5 mars.

Julien, dominé par son ardeur guerrière, se mit en campagne dès les premiers jours du printemps, et renvoya, avec des reproches et des marques de mépris, les sénateurs d’Antioche qui l’avaient accompagné au-delà des bornes de leur territoire[3],

  1. On fixe à l’année 314 l’époque de sa naissance. Il parle de la soixante-seizième année de son âge (A. D. 390), et semble faire allusion à des événemens postérieurs.
  2. Libanius a écrit l’histoire minutieuse et prolixe mais curieuse de sa vie (t. II, p. 1-84, édit. Morel.) ; et Eunap. (p. 130-135) nous a laissé sur ce point des détails concis et peu favorables. Parmi les modernes, Tillem. (Hist. des emp., t. IV, p. 571-576), Fabricius (Bibliot. græc., t. VII, p. 378-414), et Lardner (Heathen testimonies, t. IV, p. 127-163), ont jeté du jour sur le caractère et les écrits de ce fameux sophiste.
  3. D’Antioche à Litarbe, sur le territoire de Chalcis, le chemin pratiqué à travers des collines et des marais était