Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/468

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mée, à l’arrière-garde, sur les flancs, et partout où sa présence pouvait animer ou protéger ses troupes. Les pays qu’il traversa, du Chaboras aux terres cultivées de l’Assyrie, peut être regardé comme une portion de ce désert de l’Arabie, dont les puissans efforts de l’industrie humaine ne parviendraient pas à vaincre la stérilité. Il parcourut le terrain foulé sept siècles auparavant par l’armée de Cyrus le jeune, et décrit par l’un de ceux qui l’accompagnèrent, le sage et magnanime Xénophon[1]. « Le pays offrait de tous côtés une plaine aussi unie que la mer, et remplie d’absynthe ; le petit nombre d’arbrisseaux et de broussailles qu’on y trouvait d’ailleurs, avaient une odeur aromatique ; mais on n’y voyait aucune espèce d’arbres. Les outardes et les autruches, les gazelles et les onagres[2] semblaient être les seuls habitans de ce désert, et les plaisirs de la chasse diminuaient la fatigue de la route. » Le sable sec et léger du désert, élevé par le vent, formait des tourbillons de poussière, et un ouragan subit renversait tout à coup les tentes et les soldats d’une partie de l’armée.

  1. Voyez le premier livre de la Retraite des dix mille, p. 45, 46. Cet ouvrage plein d’agrément est authentique ; mais la mémoire de Xénophon, qui écrivait peut-être longtemps après l’expédition, l’a trahi quelquefois, et ni le militaire ni le géographe ne peuvent admettre l’étendue de ses distances.
  2. M. Spelman, qui a traduit en anglais la Retraite des dix mille, confond (vol. I, p. 51) la gazelle avec le chevreuil, et l’onagre avec le zèbre.