Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/488

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assez grande hauteur ; la pesanteur des armes du soldat, l’obscurité de la nuit, accroissaient les difficultés ; une grêle de dards, de pierres et de matières enflammées incommodaient les assaillans, qui, après une pénible lutte, parvinrent enfin à gravir sur le bord, et arborèrent le drapeau de la victoire au haut du rempart. Julien avait conduit l’attaque à la tête de son infanterie légère[1], et, dès qu’il se vit maître enfin d’une position où il pouvait combattre de niveau, il la mesura en un instant du coup d’œil de l’habileté et de l’expérience. Selon les préceptes d’Homère[2], il plaça au front et sur les derrières ses soldats les plus courageux, et toutes les trompettes sonnèrent la charge. Les Romains, après avoir poussé les cris de guerre, s’avancèrent en réglant leurs pas sur le mouvement animé d’une musique martiale : ils lancèrent leurs formidables javelines, et se précipitèrent l’épée à la main, afin d’attaquer les Barbares corps à corps, et de les priver ainsi de leurs armes de trait. On se battit durant plus de douze heures ; à la fin, la retraite graduelle des Persans devint une fuite en désordre, dont les princi-

  1. Hinc imperator… dit Ammien, ipse cum levis armaturæ auxiliis per prima postremaque discurrens, etc. ; mais si l’on en croit Zosime, qui d’ailleurs lui est favorable, il ne passa la rivière que deux jours après la bataille.
  2. Secundùm Homericam dispositionem. Dans le quatrième livre de l’Iliade, on attribue la même disposition au sage Nestor ; et les vers d’Homère étaient toujours présens à l’esprit de Julien.