Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/118

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cées avec intelligence par Valens ou par ses généraux, arrêta leur marche, coupa leur retraite et intercepta leur subsistance. La faim dompta ou du moins fit taire l’orgueil des Barbares ; ils jetèrent en frémissant leurs armes aux pieds d’un vainqueur qui leur offrait des vivres et des chaînes. Valens distribua cette multitude de captifs dans toutes les villes de l’Orient, et les provinciaux se familiarisant bientôt avec leur figure sauvage, essayèrent leurs forces contre ces adversaires formidables, dont le nom avait été si long-temps pour eux un objet de terreur. Le roi des Scythes (le seul Hermanric pouvait mériter ce titre pompeux) fut affligé autant qu’irrité de cette perte nationale. Ses ambassadeurs se plaignirent hautement à la cour de Valens de l’infraction d’une alliance ancienne et solennelle qui subsistait depuis si long-temps entre les Goths et les Romains. Ils représentèrent qu’ils n’avaient fait que remplir leur devoir en secourant le parent et le successeur de l’empereur Julien, et exigèrent la restitution immédiate de leurs concitoyens captifs. Un de leurs moyens de défense était d’une espèce singulière : ils prétendirent que leurs généraux, traversant l’empire en armes et à la tête d’une troupe ennemie, devaient être considérés comme revêtus du caractère sacré et des priviléges d’ambassadeurs[1]. La réponse à

  1. On trouve dans les Fragmens d’Eunape (Excerpt. legat., p. 18, éd. du Louvre) l’histoire de la marche et des négociations qui suivirent. Les provinciaux trouvèrent,