Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/123

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lentinien souffrait difficilement qu’on lui résistât ; il se laissa persuader, par son favori, que si son fils Marcellinus était chargé du gouvernement de Valeria et de la conduite de l’ouvrage, les Barbares ne l’importuneraient plus de leurs audacieuses remontrances. Les Romains et les Allemands souffrirent également de l’arrogance d’un jeune homme incapable, qui regardait sa rapide élévation comme une récompense et une preuve de la supériorité de son mérite. Il feignit cependant de recevoir avec considération la requête modeste de Gabinius, roi des Quades ; mais sa fausse complaisance couvrait le projet de la plus noire et de la plus sanglante perfidie, et le prince crédule accepta la funeste invitation de Marcellinus. Je ne sais comment écarter la monotonie du récit de cette répétition des mêmes crimes, ni comment raconter que dans le cours de la même année, quoique dans deux parties éloignées de l’empire, deux généraux romains souillèrent leur table inhospitalière du sang de deux rois leurs hôtes et leurs alliés, inhumainement massacrés par leur ordre et en leur présence. Gabinius eut le même sort que Para ; mais les fiers Allemands n’endurèrent pas cet outrage avec l’indifférence des serviles Arméniens. Les Quades étaient bien déchus de cette puissance formidable qui, au temps de Marc-Aurèle, avait semé la terreur jusqu’aux portes de Rome ; mais ils avaient encore des armes et du courage. Ce courage fut augmenté par le désespoir, et les Sarmates leur fournirent le contingent ordinaire