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soins une compagnie d’archers vint porter à la capitale de l’Illyrie un secours utile et opportun. Arrêtés par les murs de Sirmium, les Barbares indignés tournèrent leurs armes contre le maître général de la frontière, qu’ils accusaient injustement du meurtre de leur souverain. Équitius n’avait à leur opposer que deux légions ; mais elles étaient composées des vétérans des bandes de la Mœsie et de la Pannonie. L’obstination avec laquelle ces deux corps se disputèrent les vains honneurs du rang fut la cause de leur défaite. Agissant séparément et sans aucun concert, ils cédèrent aisément à la valeur et à l’activité des cavaliers sarmates qui les surprirent et les massacrèrent. Ces succès excitèrent l’émulation des tribus voisines ; et la province de la Mœsie aurait été infailliblement perdue, si le jeune Théodose, duc ou commandant militaire de la frontière, n’eût signalé, par la défaite des Barbares, un génie et une intrépidité dignes de son illustre père et de la haute fortune qui l’attendait[1].

Expédition de Valentinien. A. D. 375.

Valentinien, alors à Trèves, était profondément affligé des malheurs de l’Illyrie ; mais la saison trop avancée le força de remettre au printemps suivant l’exécution de ses desseins. Il partit des bords de la Moselle, suivi de presque toutes les forces de la Gaule, et répondit d’une manière équivoque aux ambassadeurs des Sarmates qui vinrent en supplians au-devant

  1. Ammien (XXIX, 6) et Zosime (l. IV, p. 219-220) marquent soigneusement l’origine et les progrès de la guerre des Sarmates et des Quades.