Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/128

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d’Équitius. Ils se prosternèrent humblement aux pieds du trône et affirmèrent par serment, sans oser se plaindre du meurtre de leur roi, que la dernière invasion était le crime de quelques brigands indisciplinés, désavoués et détestés de la nation. La réponse de l’empereur leur laissa peu d’espoir de compassion ou de clémence. S’abandonnant à l’impétuosité de son caractère, il invectiva contre leur bassesse, leur ingratitude et leur insolence. Sa voix, ses gestes, ses regards, et la couleur de son teint, attestaient la violence des mouvemens furieux auxquels il se laissait emporter ; tout son corps était agité des convulsions de la colère : dans ce moment un vaisseau se rompit dans sa poitrine, et le monarque tomba sans voix dans les bras de ses serviteurs dont le pieux respect tâcha de cacher sa situation à la foule qui l’environnait, [Mort de Valentinien. A. D. 375, 17 novemb.]mais il expira au bout de quelques instans dans les plus cruelles souffrances, conservant sa présence d’esprit jusqu’au dernier soupir, et s’efforçant en vain de manifester ses intentions aux ministres et aux généraux qui environnaient son lit. Valentinien avait à sa mort environ cinquante-quatre ans, et cent jours de plus auraient accompli la douzième année de son règne[1].

  1. Voyez, relativement à la mort de Valentinien, Ammien (XXX, 6), Zosime (l. IV, p. 221), Victor (in Epit.), Socrate (l. IV, c. 31) et saint Jérôme (in Chron., p. 187, et t. I, p. 26, ad Heliodorum). Ils ne s’accordent point dans les circonstances, et Ammien donne tellement dans l’éloquence, qu’il tombe dans le galimatias.