Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/131

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droits du légitime successeur de Valentinien. En même temps ils appuyèrent sur la nécessité d’éteindre, par une démarche hardie et décisive, les espérances des ennemis étrangers et intérieurs. L’impératrice Justine, laissée dans un palais à cent milles de Brégétio, fut respectueusement invitée à se rendre dans le camp avec le second fils de l’empereur. Six jours après la mort de Valentinien, ce jeune prince, du même nom, et âgé seulement de quatre ans, parut devant les légions dans les bras de sa mère, et reçut solennellement, au bruit des acclamations militaires, le titre d’empereur et les marques du pouvoir suprême. La prudente modération de Gratien épargna à son pays la guerre civile dont il paraissait menacé. Ratifiant de bonne grâce le choix de l’armée, il déclara qu’il regardait le fils de Justine comme son frère, et non pas comme son rival, il engagea l’impératrice à fixer, avec son fils Valentinien, sa résidence à Milan, dans la belle et paisible province de l’Italie, tandis qu’il se chargerait du gouvernement plus exposé des provinces au-delà des Alpes. Gratien dissimula son ressentiment contre les auteurs de la conspiration, jusqu’au moment où il pourrait les punir ou les éloigner sans danger ; et quoiqu’il montrât toujours de la tendresse et des égards pour son jeune collègue, il confondit insensiblement, dans l’administration de l’empire d’Occident, les droits de régent avec l’autorité du souverain. Le gouvernement du monde romain s’exerçait aux noms réunis de Valens et de ses deux neveux. Mais le faible empereur d’Orient,