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superstition elle-même, dans ses momens de détresse, ne dédaigne point d’invoquer le secours. Il observe, avec raison, que dans leurs derniers changemens de fortune, les deux religions ont été également déshonorées par d’indignes prosélytes, par de vils adorateurs de la puissance, qui passaient avec indifférence et sans rougir, de l’Église dans le temple, et des autels de Jupiter à la communion des chrétiens[1].

Son départ d’Antioche. A. D. 363, Octobre.

Les troupes romaines qui arrivaient à Antioche, en marche depuis sept mois, avaient, dans cet espace de temps, fait une route d’environ quinze cents milles, et souffert tous les maux que peuvent faire éprouver la guerre, la famine et un climat brûlant. Malgré leurs services, leurs fatigues et l’approche de l’hiver, l’impatient et timide Jovien n’accorda aux hommes et aux chevaux que six semaines pour se reposer. L’empereur ne pouvait supporter les railleries mordantes et indiscrètes des habitans d’Antioche[2]. Impatient de se trouver en possession du

  1. Themistius, orat. V, p. 63-71, édit. Hardouin, Paris, 1684. L’abbé de La Bléterie remarque judicieusement (Hist. de Jovien., t. I, p. 199) que Sozomène a omis de parler de la tolérance générale, et que Themistius a passé sous silence l’établissement de la religion catholique. Chacun d’eux a rejeté ce qui lui était désagréable, et supprimé la partie de l’édit qu’il regardait comme moins honorable pour l’empereur Jovien.
  2. Οιδε Αντιοχεις ο‌υκ ηδεως διεκειντο προς αυτον : αλλ’επεσκωπτον αυτον ωδαις και παρωδιαις και τοις καλο‌υμενοις φαμωσοις. (Famosis libellis.) Jean d’Antioche, in excerpta Vales.,