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griefs et de conduite les réunit aux Visigoths victorieux. Les troupes de Colias et de Suérid attendirent l’arrivée du grand Fritigern, se rangèrent sous ses drapeaux et signalèrent leur valeur au siége d’Adrianople ; mais la résistance de la garnison apprit aux Barbares que l’impétuosité du courage suffit rarement pour emporter des fortifications régulières. Leur général avoua sa faute, leva le siége, déclara qu’il était en paix avec les remparts de pierres[1], et se vengea de ce mauvais succès sur les campagnes voisines. Les ouvriers qui exploitaient les mines d’or de la Thrace[2] sous la verge et au profit d’un maître inhumain[3], se joignirent à Fritigern, qui les reçut avec joie et en tira un grand secours. Ces nouveaux associés conduisirent les Barbares par des

  1. Pacem sibi esse cum parietibus memorans. (Ammien, XXXI, 7.)
  2. Ces mines étaient dans le pays des Bessi, sur la cime des montagnes du Rhodope, qui courent entre Philippes et Philippopolis, deux villes de Macédoine qui tirent leur nom et leur origine du père d’Alexandre. De ces mines il tirait tous les ans, non pas le poids, mais la valeur de mille talens (deux cent mille livres sterling). Ce revenu servait à payer la phalange, et à corrompre les orateurs de la Grèce. (Voyez Diodore de Sicile, t. II, l. XVI, p. 88, éd. Wessel. ; les Commentaires de Godefroy sur le Code de Théodose, t. III, p. 496 ; Cellarius, Geogr. antiq., t. I, p. 676-857 ; d’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 336.)
  3. Comme ces malheureux ouvriers prenaient souvent la fuite, Valens avait publié des lois sévères pour les arracher de leurs retraites. (Cod. Théod., l. X, tit. XIX, leg. 5, 7.)