Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/213

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que par le dommage réel qu’elles leur causaient. Les soldats et les citoyens, les habitans de la province et les domestiques du palais, se réunirent tous pour la défense commune ; ils repoussèrent les attaques furieuses des Barbares, et éventèrent tous leurs stratagèmes. Après un combat soutenu avec opiniâtreté durant plusieurs heures, les Goths se retirèrent dans leurs tentes, convaincus, par cette nouvelle expérience, de la sagesse du traité que leur habile chef avait tacitement conclu et de l’inutilité de leurs efforts contre les fortifications de villes grandes et populeuses. Après avoir très-impolitiquement massacré, de premier mouvement, trois cents déserteurs, dont la mort bien méritée ne pouvait être utile qu’à la discipline des Romains, les Goths levèrent en frémissant le siége d’Adrianople. Le théâtre du tumulte et de la guerre se changea tout à coup en une silencieuse solitude ; la multitude disparut en un instant ; on n’aperçut dans les sentiers secrets des bois et des montagnes que les traces des fugitifs tremblans qui cherchaient au loin un asile dans les villes de l’Illyrie et de la Macédoine, et les fidèles officiers de la maison et du trésor de Valens se mirent avec précaution à la recherche de leur empereur dont ils ignoraient la mort. L’armée des Goths, comme un torrent dévastateur, se précipita des murs d’Adrianople vers les faubourgs de Constantinople. Ils admirèrent avec surprise l’extérieur magnifique de la capitale de l’Orient, la hauteur et l’étendue de ses murs, cette multitude opulente et ef-