Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/241

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faisait une réponse bien opposée aux plaintes du peuple, qui blâmait hautement ces concessions humiliantes et dangereuses[1]. Ses ministres peignaient de la manière la plus pathétique les calamités de la guerre, et ils exagéraient les premiers symptômes du retour de l’ordre, de l’abondance et de la sûreté publique. Les défenseurs de Théodose pouvaient affirmer avec une apparence de vérité et de raison, qu’il était impossible d’extirper un si grand nombre de tribus guerrières réduites au désespoir par la perte de leur pays natal, et que les provinces épuisées se trouveraient recrutées de soldats et de laboureurs. Les Barbares conservaient toujours leur air féroce et menaçant ; mais l’expérience du passé pouvait faire espérer qu’ils prendraient l’habitude de l’obéissance et de l’industrie ; que leurs mœurs s’adouciraient par l’influence de l’éducation et de la religion chrétienne, et que leur postérité se confondrait insensiblement avec le peuple romain[2].

    comme douce, paisible, patiente à souffrir, et lente à se livrer à la colère. À en croire Tite-Live, les Romains n’ont conquis l’univers que pour se défendre.

  1. Outre les invectives partiales de Zosime, toujours mécontent des princes chrétiens, voyez les représentations que Synèse adresse à l’empereur Arcadius (De regno, p. 25, 26, édit. Pétau). L’évêque de Cyrène était assez près pour bien juger, et assez loin pour ne point craindre de ne point flatter.
  2. Themistius (orat. XVI, p. 211, 212) compose une apologie sensée, mais qui n’est cependant pas exempte des