Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/243

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qu’on soupçonnait fortement ces différentes révoltes d’être l’effet, non pas d’un mouvement passager de fureur ou de caprice, mais plutôt d’un dessein profond et prémédité. On croyait que les Goths avaient apporté à la signature du traité de paix des dispositions hostiles et perfides ; que leurs chefs s’étaient engagés d’avance, par un serment secret, à regarder toujours comme nuls tous ceux qu’ils feraient aux Romains ; et, sous les plus belles apparences d’amitié et de fidélité, à saisir toutes les occasions de pillage, de conquête et de vengeance : mais les Barbares n’étaient pas tous inaccessibles au sentiment de la reconnaissance, et plusieurs de leurs chefs se dévouèrent loyalement au service de l’empire ou du moins de l’empereur. Toute la nation se divisa insensiblement en deux factions opposées qui débattaient avec beaucoup de subtilité, dans leurs entretiens, la préférence due à leurs premiers ou à leurs seconds engagemens. Ceux des Goths qui se regardaient comme les défenseurs de la paix, de la justice et de Rome, avaient pour chef le jeune et vaillant Fravitta, distingué de ses compatriotes par l’urbanité de ses mœurs, par la générosité de ses sentimens, et par les douces vertus de la vie sociale. Mais le farouche et perfide Priulf était à la tête du parti le plus nombreux ; il animait les passions de ses compagnons d’armes et soutenait leur indépendance. Invités dans

    découvrit, fit fouetter et tuer dans la chaumière d’une vieille femme, etc. etc.