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gne[1], également distingué par sa naissance et par sa fortune, par son éloquence et par son érudition. Deux prêtres et deux diacres accompagnèrent leur maître chéri au supplice, qu’ils regardaient comme un martyre glorieux. Cette scène sanglante finit par le supplice de Latronien, poète célèbre, dont la réputation rivalisait avec celle des anciens, et par celui d’Euchrocia, noble matrone de Bordeaux et veuve de l’orateur Delphidius[2]. Deux évêques qui avaient adopté les opinions de Priscillien, furent condamnés au plus triste exil dans des terres éloignées[3]. On montra quelque indulgence pour des coupables moins illustres et qui l’avaient méritée par un prompt repentir. Si l’on pouvait ajouter foi aux aveux arrachés par la terreur et par les tourmens, aux accusations vagues de la calomnie adoptées par la crédulité, on demeurerait convaincu que l’hérésie des priscillianistes réunissait toutes les abominations de la magie, de la débauche et de l’impiété[4]. Pris-

  1. Cet évêché de la Vieille-Castille vaut annuellement au prélat vingt mille ducats. (Géographie de Busching, V, 2, p. 308.) Il n’est pas vraisemblable, d’après cela, qu’il produise un nouvel hérésiarque.
  2. Exprobabatur mulieri viduæ nimia religio, et diligentius culta divinitas. (Pacatus, in Panegyr. vet., 12, 29.) Telle était l’idée d’un polythéiste humain, quoique ignorant.
  3. L’un d’eux fut envoyé in Syllinam insidam quæ ultra Britanniam est. Quel doit avoir été autrefois l’état des rochers de Scylli ! (Bretagne de Camden, vol. II, p. 1519.)
  4. Les scandaleuses calomnies de saint Augustin, du pape Léon, etc., que Tillemont adopte docilement, et que Lard-