Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/287

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parmi les évêques[1]. Il descendait d’une noble famille romaine : son père avait occupé le poste distingué de préfet du prétoire de la Gaule ; le fils, après avoir reçu une éducation brillante, parvint, par les gradations ordinaires des honneurs civils, au rang de consulaire de la Ligurie, dans laquelle se trouvait enclavée la résidence de Milan. S. Ambroise, âgé de trente-quatre ans, n’avait point encore reçu le sacrement du baptême, lorsqu’à sa grande surprise et à celle du public, de gouverneur d’une province, il se trouva transformé en archevêque. Sans cabale et sans intrigue, à ce que l’histoire rapporte, le public le nomma d’une voix unanime à l’épiscopat. L’accord et la persévérance des acclamations passa pour une impulsion surnaturelle, et le magistrat fut contraint, malgré sa répugnance, d’accepter des fonctions spirituelles auxquelles les habitudes et les occupations de sa vie passée le rendaient tout-à-fait étranger ; mais la vigoureuse activité de son génie le rendit bientôt propre à exercer, avec zèle et prudence, les devoirs de la juridiction ecclésiastique ; en même temps qu’il renonçait avec joie aux brillantes et vaines décorations de la grandeur temporelle, il daignait, pour l’avantage de l’Église, diriger

  1. La Vie abrégée et superficielle de saint Ambroise, par son diacre Paulin (Appendix à l’édit. des Bénédictins, p. 1-15), a le mérite d’être une autorité originale. Tillemont (Mém. ecclés., t. X, p. 78-306, et les édit. bénédict., p. 31-63) ont apporté leurs soins ordinaires dans les recherches qu’ils ont faites à cet égard.