Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/293

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plus efficaces ; et, dans cet intervalle, les plus sages conseillers de l’impératrice la déterminèrent à laisser aux catholiques de Milan la paisible possession de toutes leurs églises, et à dissimuler ses projets de vengeance en attendant des circonstances plus favorables. La mère de Valentinien ne pardonna jamais ce triomphe à saint Ambroise ; et le jeune empereur se plaignit, en termes violens, de la lâcheté de ses serviteurs, qui lui faisait subir le joug honteux d’un prêtre insolent.

Les lois de l’empire, dont quelques-unes étaient souscrites par Valentinien, condamnaient l’hérésie arienne, et semblaient excuser la résistance des catholiques : à la sollicitation de Justine, on publia un édit de tolérance dans toutes les provinces qui dépendaient de la cour de Milan ; ceux qui suivaient la foi du concile de Rimini obtinrent l’exercice public de leur religion[1], et l’empereur déclara que tous ceux qui enfreindraient ce règlement salutaire seraient punis de mort, comme perturbateurs du repos public. D’après le caractère de l’archevêque de Milan et la liberté de ses expressions, on peut soupçonner que sa conduite ne tarda pas à fournir aux ministres ariens, qui l’épiaient, un motif réel ou un prétexte spécieux de l’accuser de désobéissance à une loi qu’il a étrangement représentée comme une loi de sang et une tyrannie. Le conseil

  1. Sozomène (l. VII, c. 13) a jeté ce fait lumineux au milieu d’un récit obscur et embarrassé.