Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/301

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tinien[1]. Théodose se sentit ému des larmes de la beauté, et son cœur ne put se défendre des charmes de la jeunesse et de l’innocence. L’impératrice Justine sut profiter habilement de sa passion, et la célébration de son mariage fut le gage et le signal de la guerre civile. Les critiques insensibles, qui regardent la faiblesse de l’amour comme une tache indélébile pour la mémoire d’un grand homme, et surtout d’un empereur orthodoxe, rejettent en cette occasion l’autorité suspecte de Zosime. Pour moi, j’avoue naïvement que je me plais à trouver et même à chercher dans les sanglantes révolutions de ce monde quelques traces des sentimens moins funestes et plus doux de la vie domestique. Dans la foule des conquérans ambitieux et sanguinaires, je distingue avec satisfaction le héros sensible qui reçoit ses armes des mains de l’amour. On s’assura par un traité de l’alliance du roi de Perse. Les Barbares belliqueux qui environnaient l’empire consentirent à respecter les frontières ou à suivre les drapeaux d’un monarque actif et généreux ; et les préparatifs de guerre se firent avec ardeur, tant sur mer que sur terre, dans les états de Théodose, depuis l’Euphrate jusqu’à la mer Adriatique. L’habileté des

  1. Zosime (l. IV, p. 263, 264) raconte la fuite de Valentinien et l’amour de Théodose pour sa sœur. Tillemont, à l’appui de quelques autorités faibles et équivoques, antidate le second mariage de Théodose (Hist. des empereurs, t. V, p. 740) et tâche de réfuter ces contes de Zosime, qui seraient trop contraires à la piété de Théodose.