Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/303

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montra dans cette crise fatale, ni courage personnel ni talens militaires. L’avantage d’une cavalerie nombreuse et agile seconda puissamment l’habileté de Théodose. Les Huns, les Alains et les Goths, à leur exemple, formèrent des escadrons d’archers qui combattaient à cheval, et étonnaient la fermeté des Gaulois et des Germains par la rapidité des évolutions d’une guerre de Tartares. Après une longue marche, et dans la plus forte chaleur de l’été, ils s’élancèrent sur leurs chevaux couverts d’écume, dans les eaux de la Save, passèrent la rivière à la nage en présence de l’ennemi, chargèrent les troupes qui défendaient la rive opposée, et les mirent en fuite. Marcellinus, frère de l’usurpateur, accourut à leur secours avec des cohortes choisies, qu’on regardait comme l’espoir et la ressource de l’armée. Le combat, interrompu par l’approche de la nuit, recommença le lendemain matin ; et après une défense opiniâtre, le reste des plus braves soldats de Maxime posa les armes aux pieds de l’empereur. Sans perdre le temps à écouter les acclamations des fidèles habitans d’Émone, Théodose continua sa marche pour terminer la guerre par la mort ou la prise de l’usurpateur, qui fuyait devant lui avec toute l’agilité de la crainte. Du sommet des Alpes Juliennes, il descendit si rapidement dans les plaines d’Italie, qu’il arriva le même jour à Aquilée ; et Maxime, environné de toutes parts, eut à peine le temps d’en fermer les portes : mais elles ne pouvaient résister long-temps aux efforts d’un ennemi victorieux : l’indifférence, le mécontente-