Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/319

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sion et renoncé au baptême. Saint Ambroise y considère la tolérance du judaïsme comme une persécution contre la religion chrétienne ; il déclare hardiment que, comme fidèle croyant, il envie à l’évêque de Callinicum le mérite de l’action et la palme du martyre, et il déplore, en termes pathétiques, le tort que cette sentence doit faire à la gloire et au salut de Théodose. Cet avertissement particulier n’ayant pas produit l’effet qu’il en attendait[1], l’archevêque s’adressa, du haut de sa chaire, à l’empereur sur son trône[2], et refusa obstinément de faire l’oblation de l’autel jusqu’au moment où Théodose assura, par une promesse solennelle, l’impunité de l’évêque et des moines de Callinicum. La rétractation[3] de Théodose fut sincère, et, durant sa résidence à Milan, son commerce familier, ses pieux entretiens avec l’archevêque, augmentèrent tous les jours l’attachement qu’il lui portait.

  1. Son sermon est une étrange allégorie tirée de la verge de Jérémie et de l’amandier, de la femme qui lava et oignit les pieds du Christ ; mais la péroraison est directe et personnelle.
  2. Hodie, episcope, de me proposuisti. Saint Ambroise l’avoue modestement ; mais il réprimande sévèrement Timésius, général de la cavalerie et de l’infanterie, qui avait osé dire que les moines de Callinicum méritaient punition.
  3. Cependant cinq ans après, éloigné de son guide spirituel, Théodose toléra les Juifs, et défendit la destruction de leurs synagogues. (Cod. Théod., l. XVI, tit. 8, leg. 9, avec les Commentaires de Godefroy, t. VI, p. 225.)