Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/321

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L’intrépide archevêque arrêta son souverain sous le portique, et, prenant le ton et le langage d’un envoyé du ciel, il lui déclara qu’un repentir secret ne suffisait pas pour expier un crime public et apaiser la justice d’un Dieu irrité. Théodose lui représenta avec humilité, que s’il s’était rendu coupable d’homicide, David, l’homme selon le cœur de Dieu, avait non-seulement commis le meurtre, mais encore l’adultère. « Vous avez imité David dans son crime, lui répondit le courageux archevêque, imitez-le dans son repentir. » Théodose accepta respectueusement les conditions qui lui furent imposées ; et sa pénitence publique est regardée comme un des événemens les plus honorables pour l’Église. Selon les règles les plus modérées de la discipline ecclésiastique établie dans le quatrième siècle, le crime d’homicide exigeait une pénitence de vingt ans[1] ; et comme le cours de la plus longue vie humaine ne suffisait pas pour expier la multiplicité des meurtres commis à Thessalonique, l’assassin devait être exclu durant toute sa vie de la sainte communion ; mais l’archevêque, suivant les maximes

  1. Selon la discipline de saint Basile (canon 56), l’homicide volontaire devait porter quatre ans le deuil, passer les cinq autres années dans le silence, rester prosterné jusqu’à la fin des sept années suivantes, et se tenir debout durant les quatre dernières. J’ai entre les mains l’original (Beveridge, Pandectes, t. II, p. 47-151) et une traduction (Chard., Hist. des Sacremens, t. IV, p. 219-277) des Épîtres canoniques de saint Basile.