Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/330

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voir détruire en un instant, par la perfidie d’un Barbare, le fruit de ses travaux et de sa victoire. Les larmes d’une épouse chérie l’excitaient à venger la mort de son malheureux frère, et à rétablir une seconde fois la majesté du trône[1]. Mais comme cette seconde conquête de l’Occident paraissait difficile et dangereuse, il renvoya les ambassadeurs d’Eugène avec des présens magnifiques et une réponse obscure, et employa près de deux années aux préparatifs de la guerre civile. Avant de prendre une résolution décisive, le pieux empereur désirait de connaître les volontés du ciel ; [Théodose se prépare à la guerre.]et comme les progrès du christianisme avaient imposé silence aux oracles de Delphes et de Dodone, il consulta un moine égyptien, qui, dans l’opinion du siècle, possédait le don des miracles et la connaissance de l’avenir. Eutrope, eunuque favori de l’empereur, s’embarqua pour Alexandrie, d’où il remonta le Nil jusqu’à la ville de Lycopolis ou des Loups, dans la province écartée de la Thébaïde[2]. Aux environs de

  1. Συνεταραξεν η το‌υτο‌υ γαμετη Γαλλα τα βασιλεια τον αδελφον ολοφυρομενη. (Zosime, l. IV, p. 277.) Il dit ensuite (p. 280) que Galla mourut en couches, et insinue que l’affliction de son mari fut excessive, mais de peu de durée.
  2. Lycopolis est la même que la moderne Siut ou Osiot, une ville de Saïd, à peu près de la grandeur de Saint-Denis, qui fait un commerce lucratif avec le royaume de Sennaar, et possède une fontaine très-commode : Cujus potû signa virginitatis eripiuntur. Voyez d’Anville, Descript. de l’Égypte, p. 181 ; Abulféda, Descript. Ægypt., p. 14 ; et les notes curieuses de son éditeur Michaelis, p. 25-92.