Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/331

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cette ville, saint Jean[1] avait construit de ses mains, sur le sommet d’une montagne, une cellule dans laquelle il avait demeuré plus de cinquante ans sans ouvrir sa porte, sans voir la figure d’une femme, et sans goûter aucun aliment cuit au feu ou préparé par la main des hommes. Il passait cinq jours de la semaine dans la prière et la méditation ; mais les samedis et les dimanches il ouvrait régulièrement une petite fenêtre, et donnait audience à une foule de supplians qui s’y rendaient de toutes les parties du monde chrétien. L’eunuque de Théodose approcha respectueusement, lui proposa ses questions relatives à l’événement de la guerre civile, et rapporta un oracle favorable qui anima le courage de l’empereur par la promesse d’une victoire sanglante, mais infaillible[2]. À l’appui de la prédiction, on prit toutes les mesures que pouvait suggérer la prudence humaine. Les deux maîtres généraux Stilicon et Timasius reçurent l’ordre de recruter les légions romaines et de ranimer leur discipline. Les troupes formidables des Barbares marchaient sous les ordres de leurs chefs

  1. Deux amis de saint Jean de Lycopolis ont donné l’histoire de sa vie : Rufin (l. II, c. 1, p. 449) et Palladius (Hist. Lausiac., c. 43, p. 738). Voyez la grande Collection Vitæ Patrum, par Rosweide. Tillemont (Mém. ecclés., t. X, p. 718-720) a mis de l’ordre dans cette Chronologie.
  2. Sozomène, l. VII, c. 22. Claudien (in Eutrop., l. I, 312) parle du voyage de l’eunuque ; mais il montre le plus grand mépris pour les songes des Égyptiens et pour les oracles du Nil.