Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/379

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romaines au rang des protecteurs célestes et invisibles de l’Empire romain. Le temps et les succès convertirent en adoration religieuse la respectueuse reconnaissance des chrétiens pour les martyrs de la foi, et on accorda les mêmes honneurs aux plus illustres des saints et des prophètes. Cent cinquante ans après les morts glorieuses de saint Pierre et de saint Paul, les tombes, ou plutôt les trophées de ces héros spirituels[1] décorèrent le Vatican et la voie d’Ostie. Dans le siècle qui suivit la conversion de Constantin, les empereurs, les consuls et les généraux des armées, visitaient dévotement les sépulcres d’un faiseur de tentes et d’un pêcheur[2] ; et l’on déposa respectueusement leurs os sous les autels du Christ, où les évêques de la ville impériale faisaient tous les jours à Dieu l’offrande de leur sacrifice[3]. La nouvelle capitale de l’Orient ne pouvant fournir par elle-même de ces glorieux monumens, s’appropria

  1. Caïus (ap. Euseb., Hist. eccles., l. II, c. 25), prêtre romain qui vivait du temps de Zephirinus (A. D. 202-219), rend témoignage de cette pratique superstitieuse.
  2. Saint Chrysostôme, quôd Christus sit Deus, t. I, nov. édit., no 9. La lettre pastorale de Benoit XIV, sur le jubilé de l’année 1750, m’a fourni cette citation. Voyez les Lettres curieuses et intéressantes de M. Chais, t. III.
  3. Male facit ergo romanus episcopus ? qui super mortuorum hominum, Petri et Pauli, secundùm nos, ossa veneranda… offert Dominô sacrificia, et tumulos eorum, Christi arbitratur altaria. (Saint Jérôme, t. II, advers. Vigilant., p. 153.)