Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/384

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creuser la terre devant le peuple qui s’était rassemblé pour en être témoin. On trouva les tombes de Gamaliel, de son fils et de son ami à côté l’une de l’autre ; mais dès que l’on eut retiré la quatrième, qui contenait les précieux restes de saint Étienne, la terre trembla, et il se répandit une exhalaison semblable à celle qui doit remplir le paradis, et dont l’influence guérit en un instant les maux divers dont étaient affligés soixante-treize spectateurs. On laissa les compagnons de saint Étienne dans leur paisible demeure de Caphargamala ; mais les reliques du premier des martyrs furent transportées processionnellement dans l’église construite en son honneur sur la montagne de Sion ; et les effets de la vertu divine et miraculeuse que possédaient les plus petites parcelles de ces reliques, une goutte de sang ou les raclures d’un os, se firent sentir dans presque toutes les provinces de l’Empire romain[1]. Le grave et savant saint Augustin[2], à qui la supériorité de son esprit ne laisse guère l’excuse de la crédulité, atteste les prodiges nombreux opérés en Afrique

  1. Une fiole du sang de saint Étienne se liquéfia tous les ans à Naples, jusqu’au moment où il fut remplacé par saint Janvier. (Ruinart, Hist. persecut. Vandal., p. 529.)
  2. Saint Augustin composa les vingt-deux livres De Civitate Dei, en treize ans de travail, A. D. 413-426. (Tillemont, Mém. ecclés., t. XIV, p. 508, etc.) Il emprunte trop souvent son érudition, et raisonne trop souvent d’après lui-même ; mais la totalité de l’ouvrage a le mérite d’un magnifique dessein, exécuté avec vigueur, et non sans talent.