Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/385

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par les reliques de saint Étienne ; et ce récit merveilleux a été inséré dans l’ouvrage de la Cité de Dieu, composé avec tant de soin par l’évêque d’Hippone, et destiné à servir de preuve immortelle et irrécusable à la vérité du christianisme. Saint Augustin déclare solennellement qu’il ne parle que des miracles certifiés publiquement par ceux qui en ont éprouvé l’influence ou qui en ont été les spectateurs ou les objets : on omit ou l’on oublia beaucoup de prodiges ; Hippone fut traitée moins libéralement que les autres villes de la province, et son évêque détaille cependant plus de soixante-dix miracles, au nombre desquels se trouvent trois résurrections, opérés en moins de deux ans dans les limites de son diocèse[1]. Si l’on voulait parcourir tous les diocèses et compter tous les saints du monde chrétien, ce serait un calcul difficile peut-être à terminer que celui des fables et des erreurs qu’a dû produire cette inépuisable source ; mais il sera permis d’observer, au moins, que dans ce temps de superstition et de crédulité, les miracles devaient perdre en quelque sorte le nom de miracle et le droit d’attirer l’attention, lorsque, par leur fréquence, ils semblaient

  1. Voyez saint Augustin, De Civitate Dei, l. XXII, c. 22 ; et l’Appendix, qui contient deux livres des miracles de saint Étienne, par Évodius, évêque d’Uzalis. Freculphus (apud Basnage, Histoire des Juifs, t. VIII, p. 249) a conservé un proverbe gaulois ou espagnol : « Quiconque prétendra avoir lu tous les miracles de saint Étienne, mentira. »