Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/405

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core sur la faveur d’un prince faible et capricieux. Tandis que le préfet rassasiait à Antioche son implacable vengeance, le grand chambellan Eutrope, à la tête des eunuques favoris, travaillait secrètement à détruire sa puissance dans le palais de Constantinople. Ils découvrirent qu’Arcadius n’avait point d’inclination pour la fille de Rufin, et que ce n’était point de son aveu qu’elle lui était destinée pour épouse. Ils travaillèrent à lui substituer la belle Eudoxie, fille de Bauto[1], général des Francs, au service de Rome, et qui avait été élevée, depuis la mort de son père, dans la famille des fils de Promotus. Le jeune empereur, dont la chasteté était encore intacte, grâce aux soins pieux et vigilans d’Arsène[2], son gouverneur, écoutait avec l’émotion du désir les descriptions séduisantes des charmes d’Eudoxie. Son portrait acheva de l’enflammer, et le faible Arcadius sentit la nécessité de cacher ses desseins à un ministre intéressé à les combattre. Peu de jours après l’arrivée de Rufin, la cérémonie du mariage de l’em-

  1. Zosime (l. IV, p. 243) loue la valeur, la prudence et l’intégrité de Bauto. Voyez Tillemont, Histoire des empereurs, t. V, p. 771.
  2. Arsène s’échappa du palais de Constantinople, et vécut cinquante-cinq ans, de la manière la plus austère, dans les monastères de l’Égypte. (Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. XIV, p. 676-702 ; et Fleuri, Hist. ecclés., t. V, p. 1, etc.) Mais le dernier, au défaut de matériaux plus authentiques, accorde trop de confiance à la légende de Métaphraste.