Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/450

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qu’il assiégeait si peu de temps auparavant. Les pères dont il avait massacré les fils, les maris dont il avait violé les femmes, furent soumis à son autorité, et le succès de sa révolte encouragea l’ambition de tous les chefs des étrangers mercenaires. L’usage qu’Alaric fit de son nouveau commandement annonce l’esprit ferme et judicieux de sa politique. Il envoya immédiatement aux quatre magasins ou manufactures d’armes offensives et défensives, Margus, Ratiaria, Naissus et Thessalonique, l’ordre de fournir à ses troupes une provision extraordinaire de boucliers, de casques, de lances et d’épées. Les infortunés habitans de la province furent contraints de forger les instrumens de leur propre destruction, et les Barbares virent disparaître l’obstacle qui avait quelquefois rendu inutiles les efforts de leur courage[1]. La naissance d’Alaric, la renommée de ses premiers exploits et les espérances que l’on pouvait fonder sur son ambition, réunirent insensiblement sous ses étendards victorieux tout le corps de la nation des Goths. [Et roi des Visigoths.]Du consentement unanime de tous les chefs barbares, le maître général de l’Illyrie fut élevé sur

  1. … Qui fœdera rumpit
    Ditatur : qui servat, eget : vastator Achivæ
    Gentis, et Epirum nuper populatus inultam
    Præsidet Illyrico : jam, quos obsedit, amicos
    Ingreditur muros ; illis responsa daturus
    Quorum conjugibus potitur, natosque peremit.

    Claudien, in Eutrop., l. II, 212. Alaric applaudit à sa propre politique (De bell. get., 533-543) dans l’usage qu’il fit de son autorité en l’Illyrie.