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Corée jusque fort au-delà de l’Irtish. Il vainquit au nord de la mer Caspienne la nation des Huns[1] ; et le surnom de Kan ou Cagan annonça l’éclat et la puissance qu’il tira de cette victoire mémorable.

Émigration des Germains septentrionaux. A. D. 405.

En passant des bords du Volga à ceux de la Vistule, la chaîne des événemens se trouve interrompue, ou du moins cachée dans l’intervalle obscur qui sépare les dernières limites de la Chine de celles de la géographie romaine. Cependant le caractère de ces Barbares, et l’expérience des émigrations précédentes, autorisent à croire que les Huns, après avoir été vaincus par les Geougen, quittèrent bientôt le voisinage d’un vainqueur insolent. Des tribus de leurs compatriotes occupaient déjà les environs de l’Euxin, et leur fuite, qu’ils changèrent bientôt en une attaque hardie, dut naturellement se diriger vers les plaines fertiles à travers lesquelles la Vistule coule paisiblement jusque dans la mer Baltique. L’invasion des Huns doit avoir alarmé de nouveau et agité le Nord ; et les nations qu’ils chassaient devant eux sont venues sans doute écraser de leur poids les frontières de la Germanie[2]. Les habitans des régions où les anciens placent les Suèves, les Vandales et les Bourguignons, purent prendre la résolution d’abandon-

  1. Voyez M. de Guignes, Hist. des Huns, t. I, p. 179-189 ; t. II, p. 295, 334-338.
  2. Procope (De bell. Vandal., l. I, c. 3, p. 182) a fait mention d’une émigration des Palus-Méotides, qu’il attribue à une famine ; mais ses idées sur l’histoire ancienne sont étrangement obscurcies par l’erreur et par l’ignorance.