Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/481

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décisive, jusqu’à ce qu’il eût rassemblé les forces éloignées qu’il attendait. [Il assiége Florence.]Un grand nombre de villes de l’Italie furent détruites ou pillées ; et le siége de Florence[1], par Radagaise, est un des premiers événemens rapportés dans l’histoire de cette fameuse république, dont la fermeté arrêta quelque temps l’impétuosité de ces Barbares sans art et sans discipline. Quoiqu’ils fussent encore à cent quatre-vingts milles de Rome, le peuple et le sénat se livraient à la terreur et comparaient en tremblant le danger dont ils venaient d’être délivrés, avec celui qui les menaçait. Alaric était chrétien, et animé des sentimens d’un guerrier ; il conduisait une armée disciplinée, connaissait les lois de la guerre et respectait la foi des traités ; il s’était souvent trouvé familièrement avec les sujets de l’empire dans leurs camps et dans leurs églises ; [Et menace Rome.]mais le sauvage Radagaise n’avait pas la moindre notion des mœurs, de la religion, ni même du langage des nations civilisées du Midi ; une superstition barbare ajoutait à sa férocité naturelle ; et on croyait généralement qu’il s’était engagé, par un vœu solennel, à réduire la ville en

  1. Machiavel a expliqué, au moins en philosophe, l’origine de Florence, que les bénéfices du commerce firent insensiblement descendre des rochers de Fæsule aux bords de l’Arno. (Hist. Florent., t. I, l. II, p. 36. Londr. 1747.) Les triumvirs envoyèrent une colonie à Florence, qui, sous le règne de Tibère (Tacit., Annal. I, 79), méritait le nom et la réputation d’une ville florissante. Voyez Cluvier, Ital. antiq., t. I, p. 507, etc.