Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/489

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dans la province de Toscane ; et cette dégradation de la royauté excita si peu le ressentiment de ses sujets, qu’ils punirent de mort le turbulent Sunno, qui voulait entreprendre de venger son frère, et obéirent avec fidélité au prince placé sur le trône par le choix de Stilichon[1]. Lorsque l’émigration septentrionale vint tomber sur les confins de la Gaule et de la Germanie, les Francs attaquèrent avec impétuosité les Vandales, qui, oubliant les leçons de l’adversité, s’étaient encore séparés de leurs alliés. Ils payèrent cher leur imprudence, Godigisclus leur roi et vingt mille guerriers furent tués sur le champ de bataille. Toute la nation aurait probablement été détruite si les escadrons des Alains, accourant à leur secours, n’eussent passé sur le corps de l’infanterie des Francs. Ceux-ci, après une honorable résistance, furent contraints d’abandonner un combat inégal. Les alliés victorieux continuèrent leur route ; et le dernier jour de l’année, dans une saison où les eaux du Rhin étaient probablement glacées, ils entrèrent sans opposition dans les pro-

  1. … Provincia missos
    Expellet citiùs fasces, quàm Francia reges
    Quos dederis.

    Claudien (I cons. Stilich., l. I, 2-35, etc.) est clair et satisfaisant. Ces rois des Francs sont inconnus à saint Grégoire de Tours ; mais l’auteur des Gesta Francorum parle de Sunno et de Marcomir, et nomme le dernier comme le père de Pharamond (t. II, p. 543). Il semble avoir écrit d’après de bons guides qu’il ne comprenait pas.