Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/494

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la vigilance de Stilichon avait défendu avec succès l’île de la Bretagne contre les ennemis que lui envoyaient sans cesse l’océan, les montagnes et la côte d’Irlande[1] ; mais ces Barbares inquiets ne négligèrent pas l’occasion de la guerre des Goths, qui dégarnit de troupes les murailles et les postes défendus par les Romains. Lorsque quelque légionnaire obtenait la liberté de revenir de l’expédition d’Italie, ce qu’il racontait de la cour et du caractère d’Honorius devait naturellement affaiblir le sentiment du respect et de la soumission, et enflammer le caractère séditieux de l’armée bretonne. La violence capricieuse des soldats ranima l’esprit de révolte qui avait troublé le règne de Gallien, et les candidats infortunés et peut-être ambitieux qu’ils honoraient de leur choix fatal, devenaient tour à tour les instrumens et ensuite les victimes de leurs fureurs[2].

  1. Claudien, I cons. Stilich., l. II, 250. On suppose que les Écossais, alors fixés en Irlande, firent une invasion par mer, et occupèrent toute la côte occidentale de l’île de la Bretagne ; on peut accorder quelque confiance même à Nennius et aux traditions irlandaises. (Histoire d’Angleterre, par Carte, vol. I, p. 169 ; Histoire des Bretons, par Whitaker, p. 199.) Les soixante-six Vies de saint Patrice, qui existaient dans le neuvième siècle, devaient contenir autant de milliers de mensonges. Cependant nous pouvons croire que, dans une de ces excursions des Irlandais, le futur apôtre fut emmené captif. (Usher, Antiq. eccles. Britan., p. 431 ; et Tillemont, Mém. ecclés., t. XVI, p. 456-782, etc.)
  2. Les usurpateurs bretons sont cités par Zosime (l. VI, p. 371-375) ; Orose (l. VII, c. 40, p. 576, 577) ; Olympio-