Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/496

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dition, et il résolut d’entreprendre la conquête des provinces de l’Occident. Constantin prit terre à Boulogne, suivi d’un petit nombre de troupes ; après s’être reposé quelques jours, il somma celles des villes de la Gaule qui avaient échappé au joug des Barbares, de reconnaître leur souverain légitime ; et elles obéirent sans résistance. L’abandon où les laissait la cour de Ravenne, relevait suffisamment du serment de fidélité des peuples oubliés par leur souverain. Leur triste situation les disposait à accepter tous les changemens sans crainte, et peut-être avec quelques mouvemens d’espérance ; on pouvait se flatter que les troupes, l’autorité ou même le nom d’un empereur romain qui fixait sa résidence dans la Gaule, défendraient ce malheureux pays de la fureur des Barbares. Les premiers succès de Constantin contre quelques partis de Germains prirent, en passant par la bouche des flatteurs, l’importance de victoires brillantes et décisives ; mais l’audace des ennemis, réunis enfin en corps d’armées, les réduisit bientôt à leur juste valeur. À force de négociations, il obtint une trêve courte et précaire ; et si quelques tribus de Barbares, séduites par ses dons et ses promesses, consentirent à entreprendre la défense du Rhin, ces traités incertains et ruineux, au lieu de rendre la sûreté aux frontières de la Gaule, ne servirent qu’à avilir la majesté du souverain et à épuiser les restes du trésor public. Enorgueilli toutefois par ce triomphe imaginaire, le soi-disant libérateur de la Gaule s’avança dans les provinces méridionales pour parer