Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/50

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exigea toujours sans scrupule une forte partie de la propriété publique, convaincu que cette partie des revenus, destinée à entretenir le luxe des particuliers, serait employée plus avantageusement à la défense de l’état et à l’amélioration de ses diverses parties. Les sujets de Valens applaudissaient à une indulgence dont ils retiraient tout l’avantage, et le mérite plus solide et moins brillant de Valentinien ne fut senti et avoué que par la génération suivante[1].

Valentinien assure la tolérance religieuse. A. D. 364-375.

Mais c’est principalement par sa constante impartialité dans un siècle de controverses et de factions religieuses, que le caractère de Valentinien mérite des louanges. Son jugement sain n’était ni éclairé ni corrompu par l’étude, et il écarta toujours, avec une respectueuse indifférence, les questions subtiles des débats théologiques. Le gouvernement de la terre demandait tous ses soins et satisfaisait son ambition. En se rappelant qu’il était un disciple de l’Église, il n’oublia jamais qu’il était le souverain du clergé. Son zèle pour le christianisme avait éclaté sous le règne d’un apostat ; il accorda à tous ses sujets le droit qu’il avait réclamé pour lui-même, et ses peuples reconnaissans purent jouir sans inquiétude d’une tolérance générale accordée par un prince violent, mais inca-

  1. Zosime, l. IV, p. 202 ; Ammien, XXX, 9. En réformant les abus dispendieux, il a pu mériter le titre de in provinciales admodum parcus, tributorum ubique molliens sarcinas. Sa frugalité a été taxée quelquefois d’avarice. (Saint Jérôme, Chron., p. 186.)