Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/509

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gage, tailla en pièces les fidèles Huns qui lui servaient de gardes, et pénétra jusque dans la tente où le ministre inquiet et pensif réfléchissait aux dangers de sa situation. Stilichon échappa avec difficulté à la fureur des assassins, et après avoir fait publier un généreux et dernier avis à toutes les villes d’Italie de fermer leurs portes aux Barbares, sa confiance ou son désespoir le conduisit à Ravenne, déjà occupée par ses ennemis. Olympius, qui exerçait déjà toute l’autorité de l’empereur, apprit bientôt que son rival s’était réfugié dans l’église de Ravenne. Bas et cruel, l’hypocrite Olympius était également incapable de remords et de compassion ; mais, voulant conserver une apparence de piété, il tâcha d’éluder les priviléges d’un asile qu’il feignait de respecter. Le comte Héraclien, suivi d’une troupe de soldats, parut au point du jour devant les portes de l’église de Ravenne ; et un serment solennel persuada à l’évêque que l’empereur avait seulement ordonné de s’assurer de la personne de Stilichon ; mais dès que l’infortuné ministre eut passé le seuil consacré, le commandant perfide montra la sentence qui le condamnait à mourir sur-le-champ. Stilichon souffrit avec tranquillité les noms injurieux de traître et de parricide, réprima le zèle inutile de sa suite prête à mourir pour le sauver, et tendit le cou au glaive avec une fermeté digne du dernier général des Romains[1].

  1. Zosime (l. V, p. 336-345) a très-longuement, mais