Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/51

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pable de crainte et de dissimulation[1]. La protection des lois mettait également à l’abri du pouvoir arbitraire et des insultes du peuple, les juifs, les païens et toutes les différentes sectes comprises sous la dénomination de chrétiens. Valentinien permettait tous les cultes et ne défendait que ces pratiques secrètes et criminelles qui cachent des vices et des désordres sous le masque de la religion. L’art de la magie était poursuivi rigoureusement et puni avec sévérité. Mais par une distinction particulière, l’empereur admettait l’ancienne méthode de divination approuvée par le sénat et exercée par les aruspices de Toscane. Du consentement des hommes les plus raisonnables d’entre les païens, il avait proscrit la licence des sacrifices nocturnes ; mais il se rendit, sans la moindre difficulté, aux représentations de Prætextatus, proconsul de l’Achaïe, qui l’assura que priver les Grecs de l’inappréciable jouissance des mystères d’Éleusis, serait leur ôter toutes les joies et les consolations de la vie. La philosophie peut seule prétendre (et peut-être encore n’est-ce qu’une des vaines prétentions de la philosophie) à détruire de

  1. Testes sunt leges à me in exordio imperii mei datæ : quibus unicuique quod animo imbibisset, colendi libera facultas tributa est. (Cod. Theod., l. IX, tit. 16, leg. 9.) Nous pouvons ajouter à cette déclaration de Valentinien les différens témoignages d’Ammien (XXX, 9), de Zosime (l. IV, p. 204) et de Sozomène, (l. VI, c. 7, 21). Baronius devait naturellement blâmer cette prudente tolérance. (Ann. eccl., A. D. 370, nos 129-132 ; A. D. 376, nos 3, 4.)