Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/77

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tières de la Gaule à l’abri de leur juste ressentiment, et le massacre qu’ils firent de leurs prisonniers servit du moins à envenimer encore la haine héréditaire des Bourguignons et des Allemands. Peut-être l’inconstance qu’on remarque ici dans la conduite d’un prince aussi sage que Valentinien, s’explique-t-elle par quelque changement survenu dans les circonstances. Son dessein avait été probablement d’intimider les Allemands, et non pas de les écraser, puisque la destruction de l’une ou de l’autre de ces deux nations aurait détruit la balance qu’il voulait conserver en les contenant l’une par l’autre. L’un des princes allemands, Macrianus, qui, avec un nom romain, avait acquis les talens militaires et ceux du gouvernement, avait mérité sa haine et son estime. L’empereur lui-même, à la tête d’un corps de troupes lestes et légèrement armées, daigna, pour le poursuivre, passer le Rhin et s’avancer jusqu’à cinquante milles dans le pays ; il se serait inévitablement saisi de Macrianus, si l’impatience des soldats n’avait rompu ses sages mesures. Ce prince allemand fut admis depuis à l’honneur d’une conférence particulière avec l’empereur, et les faveurs qu’il en reçut en firent jusqu’à sa mort un fidèle et sincère allié des Romains[1].

Les Saxons.

Les fortifications de Valentinien défendaient l’inté-

  1. Les guerres et les négociations relatives aux Allemands et aux Bourguignons, sont rapportées d’une manière claire par Ammien-Marcellin (XXVIII, 5 ; XXIX, 4 ; XXX, 3),