Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/82

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Méditerranée. Sous le règne de Valentinien, les Saxons ravagèrent les provinces maritimes de la Gaule. Un comte militaire fut chargé de la défense de la côte septentrionale ou limite de l’Armorique, et cet officier, soit que ses forces ou ses talens se trouvassent au-dessous des difficultés de cette mission, fut bientôt obligé d’implorer le secours de Sévère, maître général de l’infanterie. Les Saxons, environnés et vaincus par le nombre, furent obligés de rendre tout leur butin, et de fournir un corps de leur plus belle jeunesse pour servir dans les armées impériales. Ils demandaient seulement qu’à ces conditions on leur permît de se retirer honorablement et en sûreté. Le général romain accéda d’autant plus facilement à cette demande, qu’il méditait une trahison cruelle, et bien imprudente tant qu’il existerait un seul Saxon capable de venger par les armes le sort de ses compatriotes[1]. L’impétuosité de l’infanterie, qu’on avait secrètement postée dans une vallée profonde, trahit l’embuscade, et les Romains auraient peut-être été victimes de leur propre perfidie, si un corps nombreux de cuirassiers, alarmé par le bruit du combat, ne fût pas venu précipitamment les tirer du péril, et triompher, par la supériorité du nombre, de l’opiniâtre valeur des Saxons. Le glaive des vain-

  1. Ammien (XXVIII, 5) justifie ce manque de foi envers des pirates et des brigands ; et Orose (l. VII, c. 32) exprime plus clairement leur crime réel : Virtute atque agilitate terribiles.