Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/90

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et fertile province de Bretagne[1] possédait abondamment tous les moyens de luxe et de jouissances que ces Barbares ne pouvaient se procurer ni par le commerce ni par leur propre industrie ; et en déplorant la discorde éternelle des humains, le philosophe sera, je crois, forcé de convenir que l’avidité du butin est un motif de guerre plus raisonnable que la vanité de la conquête. Depuis le siècle de Constantin jusqu’à celui des Plantagenets, les Calédoniens, pauvres et audacieux, se montrèrent sans cesse animés de l’amour du pillage ; et le même peuple chez qui la généreuse humanité semblait avoir inspiré les chants ossianiques, se déshonorait par une ignorance sauvage des vertus pacifiques et des lois de la guerre. Les Pictes et les Écossais[2] ont troublé long-temps la tranquillité de leurs voisins méridionaux, qui ont peut-être exagéré leurs cruels ravages ; et les Attacottes[3], une de leurs tribus guerrières,

  1. Les Calédoniens admiraient et enviaient l’or, les chevaux, les flambeaux, etc., de l’étranger. (Voyez la Dissertation du docteur Blair sur Ossian, vol. II, p. 343, et l’Introduction de M. Macpherson, p. 242-286.)
  2. Lord Lyttelton a raconté dans le plus grand détail (Hist. de Henri II, v. I, p. 182), et sir David Dalrymple (Annal. de l’Écosse, vol. I, p. 69) a cité légèrement une invasion des Écossais, qui fut accompagnée d’actes de férocité (A. D. 1137), dans un siècle où les lois, la religion et la société devaient avoir adouci leurs mœurs primitives.
  3. Attacotti bellicosa hominum natio. (Ammien, XXVII, 8.) Camden (p. clij de son Introduction) a rétabli le véritable nom dans le texte de saint Jérôme. Les bandes d’Atta-